Chères sœurs et chers frères en Christ,
«Détourne-toi du mal et fais le bien, recherche la paix et poursuis-la. »
—Psaume 34.15
L’Église Presbytérienne de Colombie a fait entendre sa voix au milieu d’une campagne présidentielle amère et conflictuelle où l’avenir d’un traité de paix fragile qui essaye de mettre fin à six décennies de conflit armé est en jeu. Répondant à « l’invitation » de dirigeants d’églises évangéliques demandant aux Églises chrétiennes de voter « de manière responsable » en soutenant le candidat qui promettait de remettre en question le traité de paix, le pasteur Miliciades Pua, membre du Conseil Exécutif de la CMER a écrit une lettre ouverte comme témoignage public où il souligne les valeurs réformées fondées sur l’Évangile et conclut que selon sa tradition « il n’est pas possible de mettre des mensonges sur un plan d’égalité avec la vérité. »
Une petite église est poussée par ses convictions de la tradition réformée à oser appeler le mal par son nom et les mensonges aussi. Avec le soutien de la famille réformée élargie elle s’oppose à l’opinion générale croissante ainsi qu’à l’indifférence et apporte les valeurs de la Bible à un débat où les « Chrétiens » utilisent la religion pour justifier l’injustice et la violence. Se détournant du mal, elle ne recherche pas seulement la paix, mais elle la poursuit.
Aux États-Unis l’horreur de voir des enfants séparés de leurs parents et emprisonnés sous des conditions inhumaines est justifiée par l’administration du président Trump en citant la Bible. La violence, le racisme et l’injustice ont atteint un tournant décisif. Indifférence et silence mettent en question l’intégrité même de notre foi en un Dieu de la Vie. Détourne-toi du mal. Aux États-Unis, les Églises de traditions réformée et unie font face à ce tournant décisif. Notre recherche de la paix et notre engagement de faire le bien doivent se montrer publiquement – sur la scène de l’histoire et de toute la création, comme dirait Jean Calvin.
Aux deux réunions du Conseil Exécutif de la CMER ainsi qu’à celle du Comité Central du Conseil Œcuménique des Églises des dirigeants d’Églises du Cameroun nous ont parlé de violence, de persécution et d’injustice envers les anglophones du Cameroun ce qui constituerait pratiquement une guerre civile. La voix des Églises est parmi les rares qui dirigent l’attention internationale vers un conflit mortel qui suscite le spectre de massacres ressemblant à ceux du Ruanda. Détourne-toi du mal. Plus que ça : Fais le bien, recherche la paix, ne reste pas muet, dit l’auteur du Psaume. Non pas passivement, mais robustement, publiquement, activement. Recherche la paix –de tout ton cœur.
Des navires chargés de migrants sauvés des eaux dont beaucoup sont demandeurs d’asile se voient refouler des ports européens. Les dirigeants discutent comment empêcher les gens de venir en Europe, alors qu’ils poursuivent leurs actions et politiques économiques, commerciales et militaires qui attisent les conflits et approfondissent la pauvreté, détruisent l’environnement et perpétuent l’injustice systémique en Afrique, en Asie et au Moyen Orient. Les voix courageuses d’Églises en Italie, en Grèce, en Allemagne et dans d’autres pays font résonner le Psaume : Ne refoulez pas les navires… détournez-vous vous-mêmes du mal… au-delà de la défense des frontières… recherchez la paix… poursuivez-la.
Sur la péninsule de Corée, les Églises du sud et du nord ont été parmi ceux et celles qui ont recherché la paix pendant 70 années. Et maintenant il y a eu un tournant radical, bien qu’inattendu, et presque miraculeux. La déclaration de Panmunjom des dirigeants de Corée du Sud et du Nord a été le résultat d’une rencontre au sommet historique et a proclamé « Plus de guerre ». Ceci a donné le ton à l’importante conférence au sommet de Singapour pleine d’espoir qui a revendiqué la paix et la dénucléarisation sur la péninsule de Corée et dans toute la région d’Asie du nord-est.
L’auteur du Psaume nous rappelle que notre engagement se fonde sur un mouvement actif et continu, et surtout sur un effort durable de recherche et de poursuite. Si tourner le dos au mal veut être durable, il faudrait que toute la famille de la CMER parmi tous les autres accueille la possibilité de paix qu’offre la Déclaration de Panmunjom et aide les églises de Corée du Nord et du Sud à la poursuivre, afin de ne pas se laisser distraire par les revers et de ne pas manquer de saisir chaque occasion de faire le bien.
Pour finir cette réflexion, je voudrais m’exprimer d’autre manière : Durant notre histoire récente, le mal a fleuri et la paix a été lointaine, néanmoins des églises de notre famille ont été saisies par la Parole Vivante de Dieu qui se reflète clairement dans le Psaume 34 et nous ont tous appelé à nous détourner du mal- de découvrir que tout n’est pas perdu, que par la grâce de Dieu le bien peut prospérer, que la paix est possible et que c’est à nous de la poursuivre. Dieu merci, c’est exactement ce que nous sommes en train de faire, sachant que Jésus est le Prince de Paix.
Soli deo Gloria!
Chris Ferguson,
Secrétaire Général