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« Pourquoi l’Europe dresse-t-elle de gigantesques barrières ? ». Telle était la question posée lors de la conférence de la section européenne de la CMER sur l’asile et les migrations, organisée à Hanovre, en Allemagne. « C’est un grave problème auquel la région est confrontée » a déclaré Sabine Dressler de l’Alliance réformée. Comment l’église doit-elle répondre ?

La question des barrières a été abordée, au sens propre comme au sens figuré, avec les obstacles que constituent les politiques gouvernementales et l’indifférence culturelle.

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Chris Ferguson, le secrétaire général de la CMER, a ouvert la conférence en déclarant « Dieu n’a pas créé de frontières, c’est nous qui l’avons fait ». Des frontières au sens littéral du terme et des frontières de confort se dressent devant nous, nous empêchant de réaliser ce que le Christ nous a appelé à accomplir. Dieu a aboli toutes les barrières entre les hommes, les invitant tous au banquet, et l’Église devrait en faire autant.

Comme l’a fait remarqué Paolo Naso, le coordinateur national de l’initiative « Being Church Together », en Italie, le « problème » vient de la colonisation et de la mondialisation. « Le problème en matière de migrations et d’asile, ce sont les barrières ! Les gens se blessent simplement en essayant de traverser les frontières ».

Naso a également bien pris soin d’expliquer la différence entre un migrant et un réfugié. « Il y a une différence entre un migrant et un réfugié : un migrant a une idée précise ou un objectif clair. Le réfugié sait seulement qu’il doit s’enfuir » a-t-il dit.

L’espoir d’une vie meilleure s’évanouit devant les murs qui se dressent pour assurer la « protection » et la « sécurité »… de ceux qu’on laisse entrer. Comme l’a déclaré Samuel Amedro, de l’Église évangélique du Maroc, « Le rêve européen se heurte à la réalité des frontières infranchissables ».

Amedro et Najla Abousawan-Kassab, du Synode évangélique national de Syrie et du Liban, ont donné un point de vue non-européen sur la question. Kassab a déclaré que l’heure n’était pas au dialogue, car les églises sont attaquées par l’État islamique, des gens sont tués et la population tente de survivre comme elle peut.

Kassab a déclaré, « C’est facile d’envoyer de l’argent… le plus difficile c’est d’accompagner les gens dans leur douleur ». Mais c’est la vocation de l’Église que d’accompagner les gens. Comment peut-on faire lorsque la frontière est fermée ? »

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Ceux qui cherchent à échapper à la guerre et à la terreur dans leur pays s’enfuient en Europe pour y trouver une vie meilleure, mais la réalité qu’ils y découvrent est bien différente.

« Il faut être prophétique maintenant » déclare Amedro. L’église est appelée pour aider les plus faibles, ceux qui en ont le plus besoin. Comme Luc le dit (4:18) : « L’esprit du Seigneur, l’Eternel, est sur moi, Car l’Eternel m’a oint pour porter de bonnes nouvelles aux malheureux; Il m’a envoyé pour guérir ceux qui ont le cœur brisé, Pour proclamer aux captifs la liberté, Et aux prisonniers la délivrance; Pour publier une année de grâce de l’Eternel ».

Alfredo Abad, le secrétaire général de l’Église évangélique espagnole a souligné le fait qu’il était peut-être temps que les gens sortent de leur zone de confort et manifestent leur solidarité. La chrétienté est parfois difficile, elle oblige les gens à sortir de leur zone de confort et à faire face à la difficulté.

Il y a assez pour tous, mais l’individualisme pousse les gens à ne pas vouloir partager, affirme Kassab en se souvenant de la parabole du grand souper (Luc 14:15-24). « Nous oublions parfois qu’il s’agit d’un grand souper, c’est ce que nous sommes appelés à faire » dit-elle.

Naso a rappelé aux participants que parce que tous ces gens sont Chrétiens et qu’ils sont le peuple de Dieu, l’église à un devoir envers eux. En tant que serviteurs du Christ, les hommes doivent devenir des serviteurs en descendant dans la rue et en invitant ceux qui s’y trouvent à participer au banquet dans le royaume de Dieu. Mais il y a encore tellement de travail à accomplir.

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Dora Kaniszai-Nagy de la Mission des réfugiés de l’Élise réformée de Hongrie souligne notamment que l’intégration est un processus qui requiert du travail. Une fois reconnu, un demandeur d’asile ne peut rester que deux mois dans un hébergement temporaire officiel. Au bout de deux mois, il doit avoir appris le hongrois (mais il n’y a pas de professeur, donc il doit apprendre tout seul), quitter l’hébergement temporaire, trouver un logement lui-même et se débrouiller pour vivre en Hongrie.

Elle dit qu’il faut mettre en place un système de soutien familial et même si cela a déjà commencé, on manque encore de professeurs, de personnel, de fonds, etc. En fait, les choses n’ont pas beaucoup évolué et sans l’aide et le soutien du gouvernement, rien ne changera.

Tous les interlocuteurs se sont entendus pour dire qu’il était temps de changer, mais les politiques publiques et le manque de volonté pour les modifier freinent toute évolution. Malgré l’hospitalité chrétienne, malgré l’aide que les églises apportent aux migrants, aux réfugiés et aux demandeurs d’asile, il existe encore des structures qui s’opposent aux plus nécessiteux.

Kassab a posé la question suivante « Jusqu’à quel point sommes-nous engagés ? Jusqu’au bout. Jusqu’à ce que toutes les personnes recouvrent leur dignité ». Alors que l’église tente de répondre aux besoins des plus nécessiteux et qu’elle s’oppose aux régimes politiques, ainsi qu’aux quotas et aux chiffres qui décident qui peut rester et qui doit partir, les Chrétiens doivent maintenir leur engagement et ne pas se contenter d’espérer et de prier ; ils doivent agir, car le Christ l’a fait pour les plus pauvres.

« Elle tend la main au malheureux, elle tend la main à l’indigent » (Proverbes 31:20). Que les communautés trouvent les moyens d’accueillir l’étranger et poursuivent le dialogue ensemble dans l’espoir d’un meilleur avenir basé sur l’accueil.