Par Laurence Villoz
Alors que les Eglises déplorent les injustices envers les femmes, certaines d’entre elles perpétuent une inégalité de genre en refusant l’ordination féminine.
«La violence sexiste est un des plus grands défis de ce monde», a insisté la pasteure Dorcas Gordon, principale du Collège John Knox à Toronto au Canada, lors de la session sur la justice de genre à l’Assemblée générale de la Communion mondiale d’Eglises réformées (CMER). Si la majorité des Eglises membres de la CMER approuvent l’ordination des femmes, une quarantaine d’entre elles réparties en Europe (7), en Afrique (18), au Moyen-Orient (3), en Amérique latine (5) et en Asie (9) ne l’autorisent pas.
Ces chiffres proviennent d’une enquête réalisée en 2009 qui montre également que la plupart des Eglises qui n’ordonnaient pas les femmes «n’indiquaient pas de raisons théologiques, mais culturelles. Certaines vivent dans des régions où la société n’admet pas le leadership féminin. D’autres sont en situation minoritaire dans des pays à majorité catholique romain ou orthodoxe, elles ressentent une pression œcuménique qui les empêche de faire des choses qui sont considérées comme choquantes».
Entre justice et inégalité
Ainsi, les Eglises condamnent l’injustice envers les femmes tout en perpétuant une inégalité de genre en leur propre sein. Face à ce paradoxe, la CMER, qui regroupe 233 Eglises protestantes dans plus de 100 pays, le Conseil général est invité à exhorter ses membres à non seulement soutenir l’ordination des femmes, mais à s’assurer que les deux sexes soient rémunérés équitablement. Pour convaincre les délégués à avancer dans cette direction, plusieurs sessions basées sur des témoignages de femmes confrontées à de la violence sexiste ainsi que sur l’analyse de passages bibliques mettant en évidence l’égalité de la femme et de l’homme devant Dieu ont eu lieu samedi 1er juillet, à Leipzig.
La théologienne féministe mexicaine, Elsa Tamez, a proposé une exégèse du début du chapitre 12 de l’épître aux Romains. Dans ce passage, l’apôtre Paul appelle à une transformation permanente et profonde des communautés. «Les chrétiens doivent être un exemple. Nous devons savoir qu’il y a un moyen d’être différent de ceux qui sont régis par l’envie, la rivalité et la cupidité personnelle. La discrimination et le meurtre des femmes équivalent à se discriminer soi-même et se suicider», a expliqué la théologienne.
Lundi 3 juillet, les députés devront se prononcer sur l’adoption de la «Déclaration de foi à propos de l’ordination des femmes». L’assemblée devra également décider de la création d’une politique de genre et de sa mise en pratique dans l’ensemble de la Communion des Eglises.