A travers une étude biblique, la théologienne mexicaine Elsa Tamez aborde la question de l’accueil de l’autre, quelle que soit son origine. Mise en scène de façon théâtrale, cette exégèse s’est déroulée mardi 4 juillet, dans le cadre de l’Assemblée générale de la Communion mondiale d’Eglises réformées, à Leipzig.
Par Laurence Villoz
«Ce passage montre que Jésus peut changer d’avis. Et s’il y arrive, nous pouvons tous changer nos schémas mentaux». La théologienne méthodiste et féministe, Elsa Tamez a proposé l’étude d’un passage de l’évangile de Matthieu (15, 21-28) mardi 4 juillet, à l’Assemblée générale de la CMER. Utilisant la stratégie scénique des tragédies grecques, cette professeure émérite de l’Université d’Amérique latine, à San José, a construit son analyse comme un dialogue avec le public: un chœur représentant un «personnage collectif» posait des questions et elle y répondait, une façon théâtrale d’attirer l’attention sur les points fondamentaux du texte.
Dans ce passage, une femme étrangère et païenne, la Cananéenne, demande à trois reprises l’aide de Jésus pour soigner sa fille malade, mais il l’ignore. «A cette époque, une femme est un être de genre qui ne compte pas. Et Jésus est tombé dans le piège de la tradition, car la coutume a été plus forte que la compassion», souligne Elsa Tamez. La femme insiste et le supplie. «Elle l’a reconnu, lui qui peut guérir. Elle croit en lui et en Dieu». Mais il la méprise. «Comment est-il possible que Jésus soit si égoïste», demande le chœur.
Ouvrir les yeux
Finalement, grâce à sa ténacité, son intelligence et sa foi, elle amène Jésus à écouter sa requête. «Alors Jésus lui répondit: ‘Femme, ta foi est grande! Qu’il t’arrive comme tu le veux!’ Et sa fille fut guérie dès cette heure-là.» (Mat 15, 28) «La Cananéenne ouvre les yeux de Jésus. Elle arrive grâce à sa pensée brillante à transformer le discours méprisant de Jésus en une scène intime où tout le monde peut manger, de façon métaphorique, en même temps», explique Elsa Tamez.
«Dans cet épisode, Jésus s’ouvre aux non-juifs. Grâce à cette femme, il va étendre sa mission à l’ensemble des créatures de Dieu», ajoute la théologienne. Elsa Tamez est née à Mexico en 1951, titulaire d’une thèse de doctorat de l’Université de Lausanne en Suisse, elle est l’auteur de nombreux ouvrages reconnus comme The Bible of the Oppressed (1979) (La Bible des oppressés), The Amnesty of Grace: Justification by Faith from a Latin American Perspective (1990) (L’amnistie de la grâce: la justification par la foi d’un point de vue latino-américain) et Jesus and Courageous Women of the Bible (2002) (Jésus et les femmes courageuses de la Bible).