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Par Amy Eckert, photo par Fritz Baarlink

Ils sont venus des cinq continents et de onze pays différent, du Brésil et d’Afrique du Sud, du Pakistan et d’Argentine, du Canada et du Ghana. Quinze membres d’Églises réformées, dont aucun n’était acteur professionnel, tous étrangers les uns aux autres. Ils sont arrivés à Berlin avant l’Assemblée générale 2017 de la Communion mondiale d’Églises réformées (CMER). Leur objectif, fabriquer une pièce de théâtre originale pour la jouer à l’Assemblée.

Les artistes devaient prendre en considération les concepts généraux de paix et de justice dans un cadre chrétien. Et aussi s’inspirer de la Confession d’Accra. Mais il n’y avait pas de texte à suivre. La représentation serait uniquement le résultat de la recherche d’idées en groupe et aboutirait à un message unique transmis par le spectacle.

Bárbara Santos, Till Baumann et Christoph Leucht animent des productions de ce genre à Kuringa, un atelier situé à Berlin et spécialisé dans le « Théâtre des Opprimés » (Theater der Unterdrückten). Basé sur une pratique théâtrale née au Brésil, ce Théâtre des Opprimés aide les gens à trouver leur voix et leur style théâtral pour transmettre des sentiments de soumission sociale et, dans la mesure du possible, pour présenter des exigences de changement.

En raison de la taille de la salle occupée par les acteurs et des différences de langues entre eux ainsi qu’avec les membres de l’Assemblée générale formant le public, ce groupe de quinze personnes a rapidement décidé de se limiter au langage corporel et aux accessoires.

Au bout d’une semaine de collaboration et de répétitions, la représentation finale a eu lieu dans la salle plénière de la Foire de Leipzig. En dehors de châles de couleur venant des pays des acteurs, les seuls accessoires étaient une vingtaine de boites en carton. Les acteurs jouaient un groupe d’autochtones jouissant tranquillement d’une ressource naturelle. Là-dessus, intervient un autre acteur, André Bartlett, d’Afrique du Sud, qui vient tromper les autochtones en leur échangeant leur ressource contre rien d’autre que des sacs de plastique vides. L’escroc utilise ensuite ses assistants pour construire un mur de cartons vides entre lui et ceux et celles qu’il a dépouillés, la représentation se termine lorsque les autochtones scandalisés abattent le mur en criant « Paix ! » et « Justice ! »

Cette représentation collaborative a été une expérience de poids pour Simone Vishvabharatha, déléguée de Sri Lanka. Elle a été impressionnée par la façon dont un groupe tellement divers, venu de milieux culturels si différents, avec une grande diversité de langues, a pu si rapidement mettre au point un sujet commun sur la justice.

« C’était une véritable communion – dit-elle – dans tous les sens du terme. Voilà la tâche de la CMER. »

Luciano Kovacs, originaire d’Italie, actuellement directeur exécutif de la Fédération des associations chrétiennes d’étudiants à New York, est bien d’accord : « En fait, notre représentation a réussi à saisir en 20 minutes la Confession d’Accra, mieux qu’un discours d’une heure. »

À la suite de cette expérience, il se demande si la CMER ne devrait pas, à l’avenir, consacrer moins de temps à des conférences et mettre à la place plus d’éléments artistiques. « Nous sommes tellement dans nos têtes, dit M. Kovacs. Mais la souffrance, c’est émotionnel. La souffrance est physique, exactement comme le Jésus ressuscité était une incarnation physique. »

Pour regarder la représentation théâtrale :