Selon des représentants des Églises presbytériennes du Ghana, celles-ci formulent aujourd’hui leur spiritualité d’une façon qui est davantage africaine dans son origine et son expression. On admet de plus en plus la vision du monde propre à l’Afrique. En même temps, on aborde des questions relatives au domaine des esprits, de la sorcellerie, du culte des ancêtres, à la lumière de l’évangile chrétien. Ce changement se produit à un moment où, dans ce pays, la croissance des Églises instituées au 19ème siècle par des missionnaires européens se voit dépassée par la rapide expansion des Pentecôtistes et d’autres Églises indépendantes.
Selon Seth Agidi, de l’Église évangélique presbytérienne du Ghana (EPCG), « nous avons mis du temps à admettre que les Ghanéens étaient différents des missionnaires venus de Suisse et d’Allemagne, ou à nous ouvrir à la vision du monde qui est celle de nos concitoyens. L’Église restait attachée à la conception des missionnaires. »
Seth Agidi est responsable des relations inter Églises dans l’EPCG. Il a fait ce commentaire, hier, lors d’un exposé au comité exécutif de la Communion mondiale d’Églises réformées (CMER) réuni à Dodowa, au Ghana.
Amfo-Akonnor est directeur du service vie et éducation de l’Église presbytérienne au Ghana (PCG). Il participait à cet exposé destiné à informer les 30 membres du comité sur les deux Églises ghanéennes de la CMER.
« Les spiritualistes africains croient en un autre monde, exactement comme les chrétiens – a-t-il déclaré au comité. Les chrétiens peuvent croire qu’il existe des sorciers, mais que Jésus les a maîtrisés. »
Pour Solomon Sule Saa, responsable des relations inter Églises de la PCG, « la vision africaine traditionnelle du monde demeure, mais Jésus y est intégré et la transforme. »
Les discussions avec les représentants des Églises ghanéennes touchaient également aux difficultés rencontrées par les deux Églises pour atteindre de nouveaux membres. Les statistiques présentées par Amfo-Akonnor comparent le taux de croissance dans la PCG et l’EPCG avec celui des Églises pentecôtistes. Entre 1991 et 2007, le nombre des paroisses de la PCG est passé de 164 à 214, et pour l’EPCG de 136 à 301. Pendant cette même période, les communautés pentecôtistes passaient de 87 à 1088.
Répondant à une question relative à cette rapide croissance des Pentecôtistes, Agidi a dit que si les gens quittaient les « Églises historiques » comme l’EPCG et la PCG c’était, pour une part, en raison de la spiritualité du Pentecôtisme. Ce pasteur ghanéen fait remarquer que lorsque les Pentecôtistes sont arrivés pour la première fois au Ghana il y a 60 ans, ils ont rapidement adopté dans les cultes les tambours, les danses, la musique locale. À l’inverse, il a fallu attendre les années 1970 pour que l’EPCG autorise l’utilisation de tambours des les cultes le dimanche.
Seth Agidi admet qu’il existe une autre raison pour laquelle des Presbytériens vont rejoindre les communautés pentecôtistes, ce sont les cérémonies de guérison proposées aux personnes victimes d’esprits mauvais. L’EPCG a réagi par l’ouverture de centres « de délivrance et de guérison » qui fonctionnent également comme centres de retraite spirituelle.
Actuellement, la croissance de l’Église met l’accent sur le développement de nouvelles paroisses dans le Nord du pays, là où les chrétiens sont le moins nombreux. La croissance des Églises historiques marque le pas et provoque ce que la PCG désigne comme une « urgence d’évangélisation ». Mais pour faire face à cette urgence, il faut de l’argent pour construire des bâtiments, pour loger et rémunérer les pasteurs, dit Amfo-Akonnor.
Inaugurant une initiative audacieuse et novatrice en vue d’augmenter le nombre de ses membres, l’EPCG a mis en place un programme destiné aux candidats au ministère pastoral. Avant d’être admis à recevoir l’ordination, précise Agidi, tout futur pasteur devra avoir fondé deux nouvelles paroisses.
Le comité exécutif de la CMER conclura le 17 mai sa session de 12 jours.