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Lors de la Consultation Accra+20 de la Communion mondiale d’Eglises réformées (CMER), la jeune théologienne Victoria Turner a prononcé un discours convaincant et varié qui a mis les Eglises au défi d’embrasser la justice, l’unité et la vision prophétique de la Confession d’Accra. Mêlant de profondes réflexions théologiques à l’humour et aux commentaires culturels, Victoria Turner a touché le cœur d’une génération aux prises avec le poids des crises systémiques.
Mme Turner a commencé sa présentation par un aveu frappant : « Les jeunes ne sont pas innocents : « Les jeunes ne sont pas innocents. Nous sommes complices et faisons partie du problème ». Cependant, elle a rapidement recadré cette complicité comme un sous-produit de ce qu’elle a appelé le « poids de l’Empire » – les systèmes et les structures de pouvoir qui enracinent l’inégalité, réifient la spiritualité et font peser sur les jeunes un fardeau insurmontable.
Elle a souligné le paradoxe de la connexion à l’ère numérique, décrivant les jeunes d’aujourd’hui comme vivant dans une « culture de l’information », où la recherche d’informations sans fin favorise l’isolement plutôt que des relations significatives. « Les jeunes sont accablés, a-t-elle déclaré, non seulement par l’inquiétude climatique ou l’instabilité économique, mais aussi par le vide pur et simple d’un monde hyperconnecté.
Mme Turner a fait le lien avec la Confession d’Accra, un document théologique audacieux adopté en 2004 qui rejette les systèmes économiques fondés sur la cupidité et le consumérisme. Tout en louant sa position prophétique, Mme Turner a critiqué son engagement limité face à l’aliénation émotionnelle et spirituelle de la jeunesse d’aujourd’hui. Selon elle, la confession doit évoluer pour parler de la profonde déconnexion et du désespoir ressentis par les jeunes générations.
Mme Turner n’a pas hésité à critiquer le rôle de l’Église dans la perpétuation des systèmes d’oppression. Elle a mis les congrégations au défi de faire face à leur complicité dans les structures capitalistes, les accusant de donner la priorité à la sécurité financière et aux chiffres de fréquentation plutôt qu’à des actions audacieuses et axées sur la justice.
« La célébration du désinvestissement [des investissements nuisibles] ne devrait pas remplacer le repentir pour avoir investi dans l’Empire », a-t-elle déclaré, soulignant la nécessité pour les églises d’incarner la justice radicale et l’unité proclamées dans la Confession d’Accra. Mme Turner a exhorté les Églises à résister à l’auto-préservation et à opter plutôt pour l’inconfort, le risque et la solidarité avec les personnes marginalisées.
Le discours de Mme Turner n’était pas seulement un appel à l’action, c’était aussi un cours magistral de pertinence culturelle. Elle a imprégné sa présentation d’humour, utilisant des mèmes pour illustrer ses critiques théologiques d’une manière qui a profondément touché son public. L’un des mèmes les plus mémorables mettait en scène le modèle emblématique de « Batman giflant Robin », Robin proclamant : « La foi est personnelle » et Batman rétorquant : « Lisez la confession d’Accra ». L’humour permet de faire passer un message sérieux : la foi ne peut être réduite à une spiritualité individualiste, mais doit s’engager dans les injustices systémiques que la Confession d’Accra critique.
Un autre mème, utilisant le format « Winnie l’ourson », mettait en contraste l’expression « s’engager pour la justice » et l’expression plus élevée « s’engager pour la justice ». Cette juxtaposition mettait en évidence la profonde responsabilité inhérente à l’engagement – un engagement sacré et transformateur qui exige plus qu’un activisme de surface.
Ces moments de légèreté n’ont pas détourné le message de M. Turner, mais l’ont amplifié, montrant comment les vérités théologiques peuvent être rendues accessibles et engageantes par des moyens modernes. Les rires qui ont fusé dans la salle tenaient autant de la reconnaissance que de l’humour – une reconnaissance des contradictions et des défis liés à la vie de la foi dans un monde fracturé.
Malgré les défis systémiques, Mme Turner a célébré la résilience des jeunes qui continuent à se mobiliser pour la justice. Elle a souligné la pression exercée par l’Assemblée des jeunes de l’URC pour le désinvestissement des combustibles fossiles et des colonies israéliennes comme un exemple d’action menée par les jeunes qui incarne une foi prophétique.
Toutefois, elle a également reconnu la tension à laquelle sont confrontés de nombreux jeunes militants : « Nous sommes à la fois paralysés par l’anxiété et animés par la détermination », a-t-elle déclaré. Ce paradoxe de l’espoir et du désespoir, selon Mme Turner, définit la lutte des générations pour faire face à des problèmes tels que le changement climatique, l’héritage colonial et l’inégalité économique.
Citant la poétesse Rupi Kaur, elle a décrit le désir spirituel des jeunes souvent aliénés par les institutions religieuses traditionnelles :
« Mon dieu / N’attend pas à l’intérieur d’une église…
Mon dieu / Est le souffle de la réfugiée qui court ».
Ce désir, a suggéré Turner, reflète la nécessité pour les églises de rencontrer les jeunes là où ils se trouvent – en marge, dans le désordre de l’activisme et de la résistance.
Turner a conclu en présentant le concept de métamodernisme, un cadre qui englobe à la fois le désespoir et l’espoir. Contrairement au cynisme du postmodernisme, le métamodernisme permet aux jeunes de naviguer dans les contradictions sans perdre de vue la transformation, un concept développé par Iona Curitus, qui étudie actuellement à l’université d’Aberdeen.
Elle a invité les Églises à incarner cette vision, non pas en se préservant avec anxiété, mais en s’engageant à nouveau en faveur de la justice et de l’unité. « Nous devons montrer aux jeunes que nous sommes avec Dieu dans les marges », a-t-elle fait écho à la phrase de Lilian Siwila, “prêts à nous salir les mains et les pieds”.
Le discours de Mme Turner était à la fois une critique et une invitation, un appel aux églises à redécouvrir leur voix prophétique et à aligner leurs actions sur leur théologie. Par le biais de l’humour, d’une réflexion profonde et de défis audacieux, elle a rappelé à l’auditoire que les jeunes n’abandonnent pas. Ils redéfinissent la foi, la justice et l’unité d’une manière qui exige de nous tous que nous suivions leur exemple.
Ses mèmes ont peut-être fait rire, mais son message était on ne peut plus sérieux : l’avenir de la foi dépend du courage d’affronter les systèmes de pouvoir et de s’engager ensemble pour la justice.

 

Traduction assurée par DeepL