« Nul homme n’est une île », écrivait John Donne, nous rappelant que nous sommes tous liés les uns aux autres, non seulement par la géographie, mais aussi par les liens fragiles et profonds de notre humanité commune. Cette vérité, si souvent exprimée et vécue par le pape François, a résonné avec force sur la place Saint-Pierre.
« Lorsque le cercueil a été soulevé, j’ai eu le souffle coupé », se souvient la révérende Tara Curlewis, chargée des relations œcuméniques de la CMER à Rome. « C’était profondément émouvant. Puis les cloches ont sonné, non seulement pour François, mais pour nous tous, liés par notre humanité commune. Dans ce son, nous avons entendu un appel à la simplicité, à la solidarité et à une espérance enracinée dans la résurrection. »
Des représentants de la Communion mondiale d’Églises réformées (CMER) se tenaient parmi une foule de personnes en deuil sur la place Saint-Pierre la semaine dernière, rendant hommage à un pape qui a transcendé les divisions confessionnelles et appelé l’Église mondiale à la justice, à la compassion et à la sauvegarde de la création.
La révérende Najla Kassab, présidente de la WCRC, et la révérende Tara Curlewis, chargée des relations œcuméniques de la Communion à Rome, figuraient parmi les invités œcuméniques présents aux funérailles du pape François. Vêtues de noir et arborant les symboles de l’identité réformée, elles n’étaient pas là en tant que spectatrices, mais en tant que témoins de l’Évangile. L’étole blanche (Najla) évoquait l’espérance de la résurrection ; la croix œcuménique (Tara) symbolisait notre prière pour la réforme.
« Nous étions là non seulement pour rendre hommage, mais aussi pour exprimer la profonde gratitude de la famille réformée pour une vie qui a transcendé les frontières », a déclaré Mme Kassab. « Représenter la CMER à ce moment historique était un témoignage de l’unité que nous sommes appelés à incarner – marcher ensemble en tant qu’Églises. »
Dès le début de son pontificat, le pape François a clairement indiqué que son pontificat ne serait pas celui de la pompe, mais celui de l’action. En choisissant le nom de François, en référence au saint d’Assise, il a donné le ton d’un ministère centré non pas sur le pouvoir, mais sur la pauvreté, l’écologie et la solidarité. Pour beaucoup au sein de la CMER, sa voix était porteuse d’une clarté morale hors du commun.
« Il incarnait ce que signifie écouter les marginaux : les pauvres, les déplacés, la Terre elle-même », a déclaré Kassab.
L’une des contributions les plus marquantes de François est venue en 2015, avec la publication de son encyclique Laudato Si’, un appel puissant à la transformation écologique et sociale. Il y mettait en garde contre la dévastation environnementale, écrivant que « la Terre, notre maison, commence à ressembler de plus en plus à un immense tas d’ordures ». Mais sa réponse n’était pas le désespoir ; elle était enracinée dans la théologie de l’écologie intégrale, le lien inextricable entre le souci de la création, le souci des pauvres et le souci de l’esprit humain.
Pour Curlewis, l’encyclique reste un document vivant. « Elle continue de interpeller et de guider l’Église, y compris nous qui appartenons à la tradition réformée », a-t-elle déclaré. « Elle aiguise notre témoignage et nous appelle à rendre des comptes. »
Elle a souligné à quel point l’Église unifiée d’Australie, membre de la CMER, a pris au sérieux Laudato Si’. « C’est un exemple d’œcuménisme réceptif, qui permet au témoignage des autres de façonner nos propres engagements. »
Alors que le service funéraire se déroulait sous un ciel gris romain, la lecture de l’Évangile selon Luc 24 racontait l’arrivée des femmes au tombeau vide. Cette lecture correspondait à l’espoir tranquille qui régnait dans la foule, l’espoir dont François avait si souvent parlé : la résurrection comme promesse et comme pratique.
Puis vint le moment qui restera gravé dans la mémoire de Curlewis : le simple cercueil en bois soulevé du sol et le son des cloches qui sonnèrent 88 fois.
« Dans ce son, nous avons entendu plus qu’un adieu », a-t-elle déclaré. « Nous avons entendu l’appel qui a marqué sa vie : marcher humblement, servir les plus démunis et continuer à réformer l’Église dans l’amour. »
La CMER, qui représente plus de 100 millions de chrétiens dans le monde, continue d’être façonnée par cette vision. Kassab a souligné que l’héritage de François ne se limite pas à l’Église catholique. « Il nous a rappelé à tous à quoi ressemble l’Évangile lorsqu’il est vécu avec courage et compassion. »
Alors que les cloches résonnaient dans la Cité du Vatican, elles sonnaient non seulement pour la fin d’un pontificat, mais aussi pour le début d’un engagement renouvelé dans toute l’Église mondiale. Pour Kassab et Curlewis, ainsi que pour de nombreux membres de la tradition réformée, la vie du pape François restera un appel auquel l’Église doit répondre ensemble. (Traduction fournie par DeepL)
