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Dans le cadre d’une initiative œcuménique sans précédent, des dirigeants d’Églises du monde entier se sont réunis à Assise, en Italie, du 5 au 7 mai 2025, afin de prendre des mesures concrètes en vue de la création d’une fête commune de la création, une nouvelle célébration liturgique unissant les chrétiens de toutes traditions dans leur engagement à prendre soin de la Terre. La réunion a rassemblé des représentants de 16 organisations ecclésiales mondiales, dont la Communion mondiale d’Églises réformées (CMER), la Communion anglicane, les Églises orthodoxes, la Fédération luthérienne mondiale et l’Église catholique romaine.

Cette initiative s’inscrit dans l’héritage de saint François d’Assise, connu pour sa profonde révérence envers tous les êtres vivants et reconnu comme le saint patron de l’écologie. Elle s’inspire également de la célébration mondiale croissante du Temps de la Création, une période allant du 1er septembre au 4 octobre pendant laquelle de nombreuses Églises réfléchissent à l’impératif théologique et moral de prendre soin de la création de Dieu.

Une occasion liturgique, un kairos œcuménique

Alors que l’Église mondiale répond à l’appel urgent en faveur de la gestion écologique, un consensus émerge autour du 1er septembre, déjà marqué par l’Église orthodoxe orientale comme le début de l’année liturgique, comme date digne d’être officiellement reconnue comme fête liturgique dans toutes les traditions chrétiennes.

Connu sous divers noms, tels que « Jour de la Création », « Fête de la Création » ou « Journée mondiale de prière pour la création », le 1er septembre a été désigné pour la première fois comme journée de prière en 1989 par le patriarche œcuménique Démétrios. Il a lancé un appel à l’ensemble du monde chrétien pour marquer cette journée par « des prières et des supplications au Créateur de toutes choses, à la fois en action de grâce pour le grand don de la Création et en demande de sa protection et de son salut ». L’Église orthodoxe commémore cette journée depuis le Ve siècle, l’associant à la fois au début de la création de Dieu et au début du ministère public du Christ.

Cette invitation a ensuite été reprise par le Conseil œcuménique des Églises (2008) et l’Église catholique romaine (2015), mais cette journée ne figure toujours pas dans les calendriers liturgiques officiels de nombreuses confessions.

En réponse, une proposition a été formulée lors d’une conférence œcuménique en mars 2024, coparrainée par le COE, diverses communions mondiales et le Patriarcat œcuménique, avec un dialogue continu de la part de l’Église catholique. Dans un message adressé aux participants, le patriarche œcuménique Bartholomée a exprimé son espoir que cette initiative soit « un moment d’inspiration et de kairos » pour l’Église mondiale.

Un témoignage réformé à Assise

Pour la CMER, la participation à la réunion d’Assise s’inscrit dans le prolongement naturel de son engagement de longue date en faveur de la communion et de la justice, y compris la justice écologique. La tradition réformée, fondée sur les Écritures et le témoignage public, considère la liturgie et la justice comme indissociables.

Tara Curlewis, chargée des relations œcuméniques de la CMER à Rome, a représenté la CMER à la réunion d’Assise. Elle a réfléchi à la signification de cette rencontre :

« Il était encourageant de voir l’engagement de tant de confessions différentes participant à la Conférence d’Assise », a déclaré Mme Curlewis, affirmant l’esprit œcuménique de la réunion. « Il existe un large soutien en faveur d’une journée de fête qui aide l’Église à se recentrer sur la gloire de Dieu en tant que Créateur, visible dans la création, tant dans ce qui est visible que dans ce qui est invisible. »

Mme Curlewis a établi un lien entre cette initiative et les racines profondes de la tradition réformée :

« Je vois là un écho à la métaphore de Calvin qui décrit le monde comme le « théâtre de la gloire de Dieu ». Calvin utilise cette métaphore pour exprimer l’émerveillement, la crainte et l’étonnement que suscite la création, et qu’elle devrait susciter. »

« Toute fête qui met l’accent sur le mystère de Dieu et de la création devrait embrasser les dimensions spirituelles, théologiques et justice liées au mystère de Dieu dans la création », a-t-elle souligné. « Dans notre tradition réformée, j’espère que cela sensibilisera davantage nos congrégations et nous incitera tous à nous engager volontairement dans une meilleure gestion de la création ainsi que dans la défense de sa préservation future, ce qui est essentiel. »

Curlewis a également souligné la portée plus large de cette proposition :

« Les intervenants ont sensibilisé l’auditoire au fait que cette fête revêt une importance égale pour les personnes d’autres confessions et qu’elle peut favoriser le dialogue interreligieux autour de notre préoccupation commune pour l’oikumene, c’est-à-dire l’ensemble de la terre habitée. »

« Beaucoup ont estimé que l’inclusion d’une fête pouvait être un vecteur de paix. »

Les discussions de la conférence ont porté sur les fondements théologiques et liturgiques de la fête proposée, notamment les lectures bibliques, les prières suggérées et la confirmation du 1er septembre comme date proposée. L’évêque Heinrich Bedford-Strohm, modérateur du Comité central du COE, a qualifié cette initiative d’« expression merveilleuse de l’essence trinitaire qui nous unit en tant qu’Églises » et a souligné son potentiel pour devenir un repère spirituel pour l’Église mondiale au troisième millénaire.

Vers une fête commune de la Création

La réunion d’Assise marque un moment charnière dans le cheminement vers la reconnaissance de la fête de la Création comme célébration liturgique. De nombreuses familles ecclésiales mondiales, dont quatre des cinq conférences épiscopales catholiques continentales, ont déjà exprimé leur soutien. Les participants ont convenu de poursuivre leur collaboration dans le cadre de dialogues régionaux et par l’intermédiaire d’organismes œcuméniques afin de progresser vers la mise en œuvre de cette initiative.

Alors que l’Église se prépare à célébrer le centenaire du Concile de Nicée en 2025, ce mouvement vers une fête liturgique commune représente un signe œcuménique puissant, qui unit la tradition, la théologie et l’appel urgent à prendre soin de notre maison commune.

La CMER invite ses Églises membres à s’engager activement dans cette initiative, affirmant que le culte peut être un acte puissant de résistance écologique et d’espoir.
(Traduction fournie par DeepL)